La France a fait le choix de suspendre le service national mais n'a pas voulu priver ses jeunes de connaissances sur les principes et les réalités de la défense de la France, des Français et des valeurs de la République. Le parcours de la citoyenneté, qui a remplacé l'appel sous les drapeaux, comprend le recensement de tous les jeunes de 16 ans, l'enseignement de la défense (à l'école, au collège et au lycée) et la journée défense et citoyenneté (JDC). Ce blog est consacré à l'enseignement de la défense au Lycée Uruguay-France, à l'histoire militaire de la région d'Avon et de Fontainebleau, au devoir de mémoire, aux relations entre les armées et la nation, et aux métiers proposés par les acteurs de la sécurité et de la défense.

19 novembre 2014

11 novembre 2014





Cette année encore des élèves du lycée Uruguay-France ont participé à la cérémonie de commémoration de l'Armistice au monument aux morts d'Avon.

Yanis ABDELMOUMNI, Tiphaine DANNOUX et Zoé YEGHICHEYAN de 1ère S1 ainsi qu'une correspondante allemande Léonie FUNCKE ont lu un texte sur la mort de Charles Péguy.



L’écrivain Charles Péguy, lieutenant au 276ème régiment d’infanterie de Coulommiers, est venu plisieurs fois à Fontainebleau pour y effectuer « des périodes » en tant que réserviste, notamment au Camp d’Avon, à deux pas d’ici.
A Villeroy, Le 5 septembre 1914, Charles Péguy mena à l’assaut une section de soldats Seine-et-Marnais lors des premières heures de la bataille de la Marne.
Voici le récit de Victor Boudon, un de ses hommes :

Un court instant de répit, puis Péguy nous claironne : « En avant ! ».
Ah ! cette fois, c’est fini de rire ! Escaladant la talus et rasant le sol, l’arme à la main, courbés en deux, afin d’offrir moins de prise aux balles, trébuchant dans les betteraves et les mottes de terre, nous courons à l’assaut.
Le capitaine Guérin, est tué raide auprès d’un gros arbre. La terrible moisson continue, effrayante ; la chanson de mort bourdonne autour de nous.
Un premier bond, puis un deuxième nous portent 200 mètres en avant. Mais aller plus loin pour l’instant, en unique vague d’assaut, sans une ligne de soutien en arrière, sur un terrain où la pente déclinante et la grande visibilité de nos uniformes font de nous autant de superbes cibles, c’est une folie, un massacre certain et général. Nous n’arriverons pas 10 !
« Couchez-vous ! hurle Péguy, et feu à volonté ! » mais lui reste debout, la lorgnette à la main, dirigeant notre tir, héroïque dans l’enfer.
Nous tirons comme des enragés, noirs de poudre ; le fusil nous brûlant les doigts, chacun creusant des mains la terre, entre deux coups de feu, pour s’en faire un insuffisant abri.
À tout instant, ce sont des cris, des plaintes, des râles ; des amis chers sont tués à mes côtés.
Combien sont morts ? On ne compte plus…
Péguy est toujours debout, malgré nos cris de : « Couchez-vous ! » glorieux fou dans sa bravoure et la voix du lieutenant crie toujours avec une énergie rageuse : « Tirez, tirez, nom de Dieu ! »
Et il se dresse, comme un défi à la mitraille, semblant appeler cette mort qu’il glorifiait dans ses vers. Au même instant, une balle meurtrière brise ce noble front.


Discours de Marie-Charlotte NOUHAUD, maire d'Avon


Madame la Sous-préfète,
Monsieur le Maire,
Mesdames et messieurs,
... et surtout vous les nombreux enfants venus aujourd’hui,

Nous venons d’entendre les noms des Cent-douze Avonnais morts pour la France. Cent-douze !
Cent-douze jeunes hommes pour une population d’un peu plus de 3 100 habitants !
Avon comme toutes les communes de France, Avon comme les villes et villages de presque toute l’Europe, Avon comme de nombreuses villes et villages du monde, Avon a payé le terrible prix du sang lors de la Grande Guerre.
Cent-douze...
Au-delà des chiffres il y a des destins. Parmi ceux-ci : Marcel MILLIEN.
Marcel MILLIEN naquit à Avon le 9 mars 1892 et y travaillait comme ouvrier du bâtiment spécialisé dans la construction de cheminées. Marcel MILLIEN mesurait 1m60 et avait les yeux et les cheveux châtains. En 1913 il a été déclaré « bon pour le service » et a été incorporé dans le 4ème bataillon de chasseurs à pied à Saint-Nicolas-de-Port, en Lorraine, pour y effectuer son service militaire. Il était donc déjà sous l’uniforme lorsque commença la guerre le 3 août 1914.
Son bataillon s’illustra dans la défense du secteur de Nancy. Après la bataille de la Marne le bataillon est transféré sur le front de la Somme puis toujours plus loin vers le Nord dans cette phase de la guerre qui a été appelée « la course à la mer ». En novembre 1914 Marcel MILLIEN et ses camarades combattirent en Belgique près d’Ypres. C’est à Voormezeele, que Marcel MILLIEN tomba sous les tirs de l’artillerie allemande. C’était le 11 novembre 1914, il y a exactement 100 ans aujourd’hui. Il avait un peu plus de 22 ans.
Des destins comme celui de Marcel MILLIEN il y en a 111 autres sur ce monument et près d’un million quatre-cent-mille dans toute la France.
Si nous honorons aujourd’hui les tués de la Grande Guerre nous ne devons pas oublier pour autant les blessés, les amputés, les gazés, les « gueules cassées »... qui ont survécu tant bien que mal au conflit ; ainsi que les veuves, les orphelins et tous les endeuillés. Toutes et tous ont été durablement marqués et ont souhaité que la Grande Guerre soit la dernière des guerres, la « der des ders ».
La journée du 11 novembre est destinée à commémorer les « morts pour la France » mais aussi la Paix. C’est pour la paix que ces hommes sont morts et c’est pour maintenir la paix que paradoxalement de jeunes soldats français risquent, et même donnent, aujourd’hui encore leur vie au Mali, en République centrafricaine ou en Irak.
Vous les jeunes, vous les enfants, vous qui nous faites l’immense honneur de participer à cette cérémonie du souvenir ; en lisant des textes, en chantant la Marseillaise vous défendez les valeurs de la République. Ces valeurs reposent sur des principes forts : la liberté, l’égalité, la fraternité bien sûr ; mais aussi la solidarité, le respect, la dignité. C’est en défendant ces valeurs que vous participerez à la construction d’une France forte dans une Europe fraternelle et, espérons-le, dans un monde de paix.
Encore une fois je vous remercie.